Vote électronique, l'UMP seule contre tous
Le Monde publie un nouvel article sur le vote électronique : Les machines à voter n'emportent pas les suffrages(1). Et le journal n'a pas manqué de noter l'isolement manifeste d'un certain parti (je graisse) :
A mesure qu'approche le premier tour de l'élection présidentielle, la méfiance grandit. Rejoignant la majorité des formations politiques de gauche, le Parti socialiste (PS) vient de demander un moratoire sur l'utilisation de machines à voter électroniques pour les prochaines élections – présidentielle et législatives. François Bayrou avait déclaré, début mars dans le magazine Politis, qu'il fallait "suspendre toute utilisation" de ces appareils, qui équipent une cinquantaine de communes françaises. Des grands partis, seul l'UMP n'a pas manifesté d'hostilité vis-à-vis du vote électronique.
Les arguments de bon sens, qui étaient évident pour moi quand j'ai écrit mon premier billet sur le sujet il y a trois ans, commencent enfin à percer dans les media, seuls certains politiques les ignorent encore :
"Le système de vote actuel a été conçu pour que quiconque, même le plus ignorant, puisse se forger l'intime conviction que le vote s'est déroulé honnêtement, dit Roberto Di Cosmo, chercheur au laboratoire Preuves, programmes et systèmes (CNRS, université Paris-VII). Lorsque le vote se fait par voie électronique, est-il possible de se forger, seul, la même conviction ? La réponse est non : il faut recourir à l'expert, à l'argument d'autorité." De fait, la composition exacte (le code-source) des programmes informatiques installés sur ces machines n'est pas rendue publique. Elle est contrôlée par des organismes indépendants comme Bureau Veritas, mais pas par les citoyens.
Accepteriez-vous l'argument d'autorité, émanant du seul ministère de l'intérieur, si on vous demandait de placer votre bulletin dans une urne opaque, en vous refusant, y compris si vous êtes assesseur, tout moyen de contrôler que l'urne était vide au démarrage du scrutin ? En plus d'abandonner toute trace physique de votre suffrage et toute possibilité de recompte en cas de problème, c'est pourtant exactement ce qu'on vous forcera à accepter dans 80 communes le 22 avril 2007.
Il n'y a plus aujourd'hui qu'un seul grand parti, et un seul candidat à la présidentielle, ancien ministre de l'intérieur, qui n'est pas hostile à cette folie. Il serait temps que Nicolas Sarkozy et son parti réalisent que le sujet n'est pas partisan, et que le consensus partout autour d'eux est désormais à l'arrêt des machines. En l'espace d'un mois seulement, la pétition contre les ordinateurs de vote et pour le maintien du vote papier a recueilli plus de 50 000 signatures, et elle approche aujourd'hui les 60 000 !
(1) Déjà disponible depuis ce matin sur le web, l'article du Monde sera publié dans l'édition du 14/04/07 mais a été repris dans les gratuits Matin Plus, Bretagne Plus, Lille Plus, Bordeaux 7 du 13/04/07. Merci à Chris Perrot pour le lien.